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LA TERRE EST UN SEUL PAYSAGE ...

la terre est un seul paysage...diptyque avec néon led par catherine Arniac plasticienne Arles France

 Diptyque relié par néon LED - 2016 - 120 x 82

«  la solide délimitation des corps humains est terrible ». 

                                                                                            Kafka

 

No woman’s land sur la peinture de Catherine Arniac.

La terre est un seul paysage, l’homme aussi. Leur confrontation

reste un enlèvement de part et d’autre qui fait l’histoire. 

Des premières migrations jusqu’à la « mise en demeure », le monde s’est mis à rétrécir, des cultures, dans tous les sens du terme, se sont inventées, ont été détruites, et l’humain s’est arrêté: le geste et la parole ont établi d’une main gantée de fer, jusqu’aux barbelés les plus déchirants, jusqu’aux discours les plus xénophobes, les lignes absolues de la séparation: les nations.

Connaître et reconnaître ce qu’est la terre, une domination incertaine, jusqu’aux frontières les plus absurdes.

L’art est capable de tracer ce manque à la vie, du moins j’y crois, une piste d’envol, à chaque seconde, comme une solitude prête à déchiffrer  ce qui peut nous réunir.

Solitaire, solidaire, il n’y a qu’une lettre, à envoyer en poste restante.

Il y a, paradoxalement, par l’occultation profonde de toute présence reconnaissable, cet acharnement à vouloir sortir, à réparer cet oubli d’un réel habitable, tandis que nous sommes  là, dans l’interrogation de notre présence: y être ou ne pas y être, dans cet infini qui menace notre imaginaire même: faut-il regarder et ne rien faire, ou tenter dans ce paysage blessé par notre présence, inaugurer la première aventure: regarder ce que nous n’avons jamais créé, la liberté même de la nature.

et si le peintre continuait à se préserver, à conjurer sa peur en ne témoignant que d’une solitude solidement établie pour ne pas se perdre? Les bandages guérissent la plaie de l’inconnu, mais l’inconnu s’alimente de ceux ou celles qui le célèbrent.

C.H.

COLLOQUE INTERNATIONAL

27 &28 MARS

This conference will both expand and renew our work on Ethics of Alterity in 19th, 20th and 21st-Century British Literature and Arts. The relation to the other will be envisaged as a “way of being other” through the category of the humble. Through the double meaning of its etymology, humbleness refers to a social condition and/or a way of being. It can be defined as “being low in rank or station” or as “being aware of one’s own limitations or weaknesses”, i.e., as an awareness of one’s ability to fail.

This conference will be an opportunity to explore the humble as a theme in 19th, 20th and 21st Century British Literature and Arts and as an aesthetic or ethical category. From a neo- Platonist ethics (as defended by Levinas), we shall thus turn to a neo-Aristotelian one (as defended by Nussbaum or Ricoeur, among others), which also implies a form of practice. We propose to address how British literature and art connect with the ideals defended in the 19th, 20th and 21st centuries by philosophers, economists, politicians and jurists—from John Stuart Mill’s concept of happiness to the Welfare State and the ethics of care—and we will examine how aesthetics connect with ethics as well as with politics. 

L’humble dans la littérature et les arts britanniques des XIXe, XXe et XXIe siècles

Ce colloque portera sur la littérature et les arts britanniques des XIXe, XXe et XXIe siècles. Il poursuivra nos travaux sur l’éthique de l’altérité tout en leur donnant une inflexion nouvelle. La relation à l’autre sera envisagée comme « manière d’être autre » à travers la catégorie de l’humble. L’humble renvoie, dès la signification double de son étymologie, à une condition sociale et/ou à une manière d’être. Il se définit par ce « qui est de condition modeste » ou ce « qui a conscience de ses limites, de ses faiblesses », en d’autres termes par la conscience de la capacité à faillir.

 

Dans le cadre de ce colloque, l’humble s’entendra comme thème dans la littérature et les arts britanniques des XIXe, XXe et XXIe siècles ou comme catégorie esthétique ou éthique. Le mouvement qui est ici amorcé trace une trajectoire partant d’une éthique d’inspiration platonicienne (telle que celle défendue par Levinas) pour s’intéresser aux modalités et finalités d’une éthique plus résolument aristotélicienne (Nussbaum, Ricoeur, etc.), qui insiste aussi sur une praxis. On s’interrogera par conséquent sur la manière dont l’art s’articule avec les idéaux défendus au cours des XIXe, XXe et XXIe siècles par des philosophes, économistes, politiques ou juristes, tels que le bonheur pour tous de John Stuart Mill, le Welfare State, ou le care. Ainsi, tout en continuant à réfléchir au lien entre esthétique et éthique, il sera possible d’amorcer un passage au politique. 

 

 

PEAU S’EN FAUT

ILLUSTRATION DE TEXTE

Catherine Arniac a mis en lumière sa multiple peau psychique. La superficielle pelure est visible bien sûr et l’on voit un tremblant derme un peu diaphane derrière l’estafilade dont elle a scarifié (sacrifié) la toile. La toile s’ouvre parcimonieusement pour laisser fuir l’impression et la ravir à nouveau. Tout est en retenue, mais c’est une respiration douce après une opération profonde et longue comme un grand soupir. Pour qui sait la sentir, il apparaît une vibration, un ton en dessous, et puis une ribambelle de couleurs actives et chaudes, comme une dure-mère battant la vie sous un crâne.

 

Est-ce de la musique ou de la peinture ? En tout cas de l’art, sophistiqué ou brut ! Quand  l’oeil ne saurait lire, l’esprit se prend à cligner sous l’effet d’un bronze roux mordoré qui sourd de la toile par l’interstice ainsi créé.

 

La peau est la toile et un versement de larme répond au seuil de l’emballage ultime ou premier matériau qui tend ses rêts et capte le soleil sur la falaise noble des Baux en cette fin d’été.

 

Des toiles peu orgueilleuses mais fières, paradoxal, non ? Des œuvres qui se correspondent et qui disent bien l’artiste qui a mis à nu son présent et la matière même, puisant dans son passé d’enfant pour rendre compte, oser et s’exposer, enfin. Elle est vive la texture, vif est le lâcher plastique et élastique et, tout d’un coup, le trait ou la coupure fend la matière tendue comme la peau d’un cou qui se raidit dans l’instant pour contempler une étoile ou ramasser une herbe folle au pied de l’olivier de Fontvieille.

De la peau, vous dis-je ! Ou plutôt dans nos pays de vent, comme une écorce noueuse avec des strates, des cernes et des volutes. Cette peinture est sensible comme une flaque d’eau prend les nuages et sous le faisceau étiré, sous la flamme évoquée brûle un volcan des anciens temps recouvert par Thétis, notre mer.

De la peau éclatée mais aussitôt réparée, comme une blessure ouverte que l’on n’a pas réussi à combler et qui boursoufle, s’oedematise, se polarise, s’éparpille et se rassemble en un élan de vie.

Eros et Thanatos, les célèbres duettistes de notre psychanalyse, sont intriqués dans la peinture de Catherine Arniac et le Moi-peau inconscient a guidé patiemment l’artiste dans son art majeur.

Guy Lesoeurs, 4  septembre 2014.

 

 

CAMARGUE

Si ce pays avait une peau,

elle serait ainsi faite du sable gris des étangs,

du gris des nuages d'hiver

et du cuivre des couchers de soleil

les plus beaux à mon cœur.

Si la Camargue avait une peau,

elle serait exactement comme tu l'as faite,

peau de rhinocéros, dure grise et plissée,

résistant à tous les assauts,

mer d'un côté mistral de l'autre,

enclose de palissades mais ouverte à mes rêves de voyage, peau éclatée de rhinocéros

par les jours de laquelle on connaît les lagunes

et le ciel et la vague

tout gris tout bleu de ciel

avec ce petit bout d'horizon ourlé de goudron maritime.

par Abraham Bey

Sortie de la "pièce à conviction N°25 "

Tirée à 30 exemplaires.

 

Texte de Michel DVORAK

(sur demande à micdvo@yahoo.fr )

 

Editions, la vie privée

(Christian Hibon et Geneviève Cabé )

 

 

 

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